Derrière la chambre

> La chambre d'hôtes

La chambre d’hôtes est un roman. Cela signifie que rien de ce qui est raconté n’est vrai, que tout est imaginé, enfin presque… Car le décor, lui, est bien réel. Un village du Gard, Valleraugue, serti dans ses montagnes cévenoles, une petite route qui monte vers le col du Pas et après, c’est de l’imagination, pure et délirante.

 

Repérages

On peut facilement marcher sur les pas d’Hugues, de Véronique et de la petite Mélusine, jusqu’à un certain point. On peut retrouver les éléments décrits et illustrés dans le livre mais la chambre d’hôtes elle-même n’existe pas, pas plus que le mazet de la Pieyre. Si le hameau existe, il est constitué de quelques maisons en cul-de-sac. Au-delà, pas de mazet, pas de Jeanine, pas d'Auguste, pas de cheval, pas de divine bouteille. Il existe cependant trois personnages bien réels. Les deux gendarmes, tout au moins ceux qui étaient de service ce jour extraordinaire du 10 juillet 2015 et le patron du snack, Jean-Louis, qui a accepté de poser, avec, dans les mains, les fameuses frites… car il y a des frites dans l’histoire.

Ces photos ont été prises les 24 et 25 mai 2016. Bien après que le roman soit achevé et sur le point d'être imprimé. Alors quoi ? L'auteur a-t-il mis la charrue avant les boeufs ? Que nenni. C'est comme au cinéma, le repérage d'un film ne se fait qu'une fois que l'histoire est écrite, juste avant le tournage. Au moment de l'écriture, brute, décoffrée des neurones, je ne savais pas du tout où j'allais. J'avais bien une idée de là où j'allais planter mon histoire, mais c'était encore très vague. Ca aurait pu se passer dans les Alpes, du côté de Saint Vincent les Forts par exemple, j'aime bien ce coin. Puis, tout naturellement, les Cévennes se sont affirmées par l'intérêt tout particulier que je porte depuis longtemps à cette magnifique région. Restait ensuite à choisir l'endroit précis. De nombreux villages cévenols s'y prêtent à merveille, et sans hésiter, Valleraugue s'est avéré être le lieu de idéal pour ses environs délicieusement sauvages. Peut-être aussi pour le souvenir impérissable que me laisse ce village lorsque j'entrepris, dans ma folle jeunesse, la fameuse montée qui part de l'église jusqu'au sommet du mont Aigoual. Ce sentier, aussi populaire pour les randonneurs que le chemin de Compostelle, porte un nom : les 4000 marches (voir encadré au bas de la page).

Le décor était planté, il restait à y faire évoluer mes personnages. Si le village existe, il fallait que ses environs soient fidèles à la réalité, ainsi que les lieux fréquentés. Pas question de badiner avec les repères existants. Une fois que tout fut écrit, par souci de cohérence, je décidais de me rendre compte sur place, afin de vérifier, de certifier, une dernière étape avant le lancement des rotatives. J'ai donc photographié tout azimut, même des lieux qui ne figurent pas dans l'histoire. Par chance, un tracteur me succédait sur la départementale 10, je le photographiais à travers le parebrise, mais ce n'était pas Auguste. Ces photos illustrent une partie des décors, avec, en légende, les passages du livre auxquels elles se réfèrent. Ne cherchez pas plus loin. Jamais vous ne trouverez le chemin de la mystérieuse forêt qui mène à l'épouvantable chambre d'hôtes, tenue par l'énigmatique Hortense qu'il est préférable de laisser dormir dans les pages. C'est mieux pour vous. Que cette histoire demeure une fiction, et rien d'autre qu'une fiction.

MD


Ils arrivent à Valleraugue, le dernier village à traverser avant d’arriver à destination. (p 27)


...quitte le village par une route départementale plus étroite (p 28)


Et pour doubler sur ces routes, bonjour ! (p 29)


...en pointant le doigt sur une ouverture dans la végétation. (p 30)


La voiture s’engage sur un chemin de terre qui descend dans un sous-bois. (p 30)


Debout, il attend qu’une voiture passe pour l’interpeler. (p 38)


Et le tracteur se matérialise sous les yeux du naufragé. (p 40)


...ils marchent sur l’artère principale de Valleraugue... (p 194)


...à la terrasse d’un snack, entourée de grilles, qu’une abondante glycine ombrage. (p 194)


Le patron s’avance vers les vacanciers affamés. (p 194)


Les vacanciers se rendent à pied à la gendarmerie. (p 198)


...on arrive à l’embranchement de la route de la Pieyre. (p 216)


...il faut prendre un sentier sur la droite et après c’est la ferme. (p 216)

 

Valleraugue, une vieille histoire

Ma longue ascension vers l'Aigoual

C'était un jour de février, au début des années 80, j'étais parti de Valleraugue pour une randonnée jusqu'au sommet de l'Aigoual, sans équipement, comme on marche, tranquille, sur la Canebière. Dès les premiers kilomètres, le parcours s'avérait pénible mais pas question de rebrousser chemin. Je n'avais pas même un bâton, j'en avais cruellement besoin, notamment pour me stabiliser dans ma progression à flan des pentes neigeuses très raides. Je ramassais une branche et en confectionnais un de fortune qui m'aida à arriver au sommet. Parti à 9 h, il était plus de 16 h lorsque je vis se dessiner dans la brume hivernale la silhouette sombre de l'imposante bâtisse météorologique. J'étais dans la solitude et la désolation les plus extrêmes, pas âme qui vive, ni homme ni bête, le vent d'hiver et le ciel chargé me rappelaient mon inconscience, car en prime, j'étais perdu, sans repères, autre que mes traces de pas dans la neige. Le jour déclinait. Il fallait faire demi-tour. Impossible de revenir par la route, ensevelie sous des mètres de neige. Je repris donc le même chemin, en sens inverse, et la nuit tomba rapidement. Je n'avais pas de torche ni de lampe frontale, seulement un briquet que j'allumais et que le vent éteignait aussitôt, le temps de mémoriser les quelques mètres devant moi que je dévalais dans l'obscurité. Plusieurs fois je tombai, par chance, pas de bobo, seulement quelques gros mots lachés par dépit. Si j'avais mis plus de six heures pour monter dans des conditions difficiles, il m'en faudra à peine quatre pour descendre, dans des conditions non plus difficiles, mais inimaginables. Dans l'urgence, quand la survie est en jeu, on est capable d'accomplir des prouesses. Il était presque 21 heures lorsque, plus bas, à travers la végétation, je distinguai les premières lueurs du village. Quand enfin, je retrouvais l'asphalte, par chance, un hôtel était ouvert, une chambre était libre car, bien sûr, je n'avais pas réservé car pas prévu d'y passer la nuit. Les articulations douloureuses m'empêchaient de dormir, tétanisé par les crampes. L'aube fut longue à arriver. Sur la route du retour, je pensais à ce risque énorme que j'avais pris par défi. J'aurais pu y rester, qui m'aurait cherché si par malheur j'étais tombé, je m'étais blessé, ou si j'avais eu un malaise ? A cette époque, le téléphone portable n'existait pas et j'étais seul, abandonné sur un sentier de folie sur lequel personne ne marche en cette période de l'année. J'avais néanmoins accompli un exploit, mais à quel prix. Ce souvenir, fort, est rattaché à Valleraugue, à son atmosphère, à ces bons esprits, qui, dans ce moment extrême, ne m'ont pas pénalisé mais guidé. Je leur suis un peu reconnaissant d'être sorti de cette éprouvante aventure sans la moindre égratignure. Des années après, je devais bien un livre à ce village.

 

Projets de couverture

La couverture a évolué en même temps que l'histoire, ainsi que le titre qui a finalement conservé son article "La". L'idée de base était qu'une guêpe soit le détonateur et l'aboutissement, d'où sa présence sur les premières maquettes de couverture. Puis l'idée a été abandonnée. Sur le premier projet, c'est le village de Peyreleau, dans l'Aveyron, qui illustre la couverture, preuve que le cadre n'était pas encore défini. Cliquez sur les images pour les agrandir.

Anecdotes rédactionnelles

ATTENTION : les précisions ci-dessous dévoilent quelques passages de l’intrigue. A ne lire qu’APRES avoir lu le livre.

  • L’écriture brute a été réalisée en un mois, mars 2016. Les relectures successives et les nombreuses corrections et retouches ont nécessité trois fois plus de temps.
  • Hortense Lecalouette s’appelait initialement Lucette Kermola. L’identité a été modifiée pendant une relecture.
  • L’idée première était que la propriétaire de la chambre d’hôtes meure des suites d’une agression massive de guêpes.
  • Avant d’être réduit au simple mot « bleu », les paroles que prononce la victime du supermarché avant de s’évanouir étaient au départ : « Touchez pas au gris. » L’idée était que la mort se cachait dans quelque chose de couleur grise, une statue qui se renverserait lors de l’altercation finale et laisserait échapper un essaim de guêpes. Lors de l’avancement du roman, il s’avérait que cette idée n’était pas cohérente, en ce sens que les insectes pouvaient également agresser les héros de l’histoire. Les épargner aurait été une pirouette un peu facile.
  • Au départ, la chambre d’hôtes se situait de nos jours. Mais c’était se retrouver avec un cadavre bien réel à la fin de l’histoire impliquant une fin totalement différente qui aurait éloigné le lecteur du mystère souhaité pour l’orienter vers une enquête policière digne de Simenon. Ce n’était pas le but du roman.
  • Auguste Castey est un paysan érudit, comme il en existe beaucoup, prouvant que l’absence d’études n’entache en rien les connaissances, souvent profondes, qu’ont les gens de la terre. Sa présence est fondamentalement providentielle, comme l'ange dans le chaos.
  • Des références à certains classiques du cinéma ponctuent le récit : Les tontons flingueurs, Le père Noël est une ordure, Les bronzés font du ski, La soupe aux choux…
  • L’intervention du groupe de rock allemand Rammstein apporte une note sonore puissante en adéquation avec le contexte. Rammstein pourrait même servir de bande son à une version cinématographique, comme si le film entier devenait un clip infernal.

Pour qui ne connait pas Rammstein, ci-dessous la chanson dont il est question en page 163. Montez le son, c'est du pur délire pyrotechnique.