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La foire aux sucettes
> Le français part en sucette
Au risque d'écrire à nouveau ce
que j'ai déjà écrit dans Le français part en sucette, ce livre est
l'aboutissement d'années de réflexion sur les dérives du français et de
l'orthographe en particulier. L'ouvrage établit également le constat, exemples à
l'appui, qu'un français contemporain s'infiltre à travers un vocabulaire
politiquement correct destiné à manipuler la pensée de façon subliminale. Cette
source de mots nouveaux est inestimable pour les adeptes de la langue de bois, particlulièrement nombreux en politique.
Pendant plus de 28 ans, j'ai
été rédacteur dans une grande entreprise industrielle. Mon travail consistait
entre autres à animer un journal de secteur, jusqu'à ce que je devienne
correspondant (et toujours rédacteur) du journal de l'entreprise. Beaucoup de
mots et d'expressions pompeuses circulaient au fil des interviews et des enregistrements réalisés sur le terrain ou pendant des
réunions. Lors de la rédaction des articles, je me refusais à retranscrire ce jargon
que je trouvais indigeste, sans parler des sigles qui pullulaient et qu'il
fallait déchiffrer. La plupart de ces mots sont développés dans le livre sous la forme d'un lexique de
novlangue sous-titré Expressions spolitiquement corrompues. Quelques
exemples de ce vocabulaire indisposant : accidentogène, dangerosité, y'a pas
d'souci, senior, ça l'fait, professeur des écoles, technicienne de surface,
entre guillemets, candidater, de chez, addiction, au final, malentendant,
auxiliaire parentale, opératrice de saisie, avoir un problème avec l'alcool,
migrant, bout d’an, ressenti, dommage collatéral, écrasée de pomme de terre,
hôtesse de caisse, listing, plan B, bronchiolite, cotraitant, élève en progression,
overbooké, en temps réel, gens du voyage, problématique, végan,
mouvement social, épisode neigeux, flexibilité, gardien d'immeuble, impacter...
pour un tel inventaire il faudrait un Prévert eût chanté Brassens.
MD
Désintoxication
Quelques bulles pour se désintoxiquer de la novlangue. (Cliquer pour agrandir)
Qu'on écrive de plus en plus
mal est une généralité due en grande partie à la première dérive qui en est la
cause : l'éducation, à tavers un enseignement de plus en plus laxiste et des
parents d'élèves constamment dans les pattes des professeurs à remettre en cause
les méthodes éducatives et leur incidence dramatique sur la disparition de la
discipline. La pédagogie devient de plus en plus édulcorée, éliminant
progressivement les difficultés de notre langue par des réformes discutables qui
sont un nivellement par le bas, favorisant la paresse intellectuelle.
Une des causes principales qui
a fait sombrer le français a été (et est toujours) l’utilisation massive de la
messagerie (SMS) intégrée aux téléphones portables et son vocabulaire réduit à
sa simple phonétique pour s’adapter aux premiers claviers alphanumériques ne
disposant que d’une douzaine de touches. Malgré le progrès et la présence d'un
dictionnaire, l'habitude est restée pour se propager progressivement dans les
e-mails, les forums et à l’ensemble des supports de communication qui ne se
dépêtrent plus de cette mélasse phonétique qui ressemble davantage à une langue
primitive. Exemple (vu sur un forum) :
"mé comen t kifan toi tr0
@d0r@bl b0gosSs é tt p@rd0nn m0i si jte ren ouf d foi c kan g m monté d
chaleur ds lcerv0 jdevi1 enc0r + chiannte ke jle ss l000l jv tdir com a ts ceu
ki st ds mn blog pratikmen rSt com T jti1 a toi pitetr tu lc po ba now tu c é
moi jdi fé gafe a ta tete tu c septembr tu tfé homo jreti1 tkt jtembrasss for
for for là c 1 articl en speed mai biento jte félmontage é 1 1 moch d
déclaration TkT BousSs"
L'usage initial du téléphone mobile, téléphoner,
a été réduit aux échanges frénétiques
de textes laconiques. On ne se parle plus, on s'écrit... de plus en plus mal.
Les jeunes et la lecture
Extrait d'une émission télévisée dans
laquelle Dany Boon parle des jeunes face à la lecture. Comme le souligne
l'humoriste, les jeunes ne lisent plus, ils ne savent plus écrire.
Pour eux, un livre c'est bourré de mots, ça ne bouge pas, ça ne va nulle part.
Même les mots soulignés, ce n'est pas des URL, pour les jeunes, c'est des mots
morts.
(Cliquer pour voir la vidéo)
Sur internet, les commentaires ou avis sur les produits cumulent tellement les fautes
d'orthographe, d'accords, de syntaxe, de ponctuation, qu'on peut se demander
si leurs auteurs ont été scolarisés. Ci-dessous, quelques perles relevées sur la toile.
Sur Facebook, les partages
infantiles foisonnent et remportent un succès inquiétant, signe d'une décadence
collégiale à tous les niveaux. La médiocrité étend son empire un peu plus chaque
jour.
Dessinateur visionnaire
Dans son album Le piège
diabolique, édité en 1962, le dessinateur belge Edgar-Pierre Jacobs fait
preuve d’une surprenante vision futuriste. Son personnage Mortimer entreprend de
voyager dans le temps à bord du Chronoscaphe, un engin mis au point par son
adversaire Miloch. Au fil de ses pérégrinations hasardeuses, il est téléporté au
21ème siècle, c'est à dire aujourd'hui. Il découvre avec stupéfaction la
nouvelle orthographe. La réalité a rattrapé la fiction.
(Cliquer pour agrandir)
Délit linguistique
L'instrument de propagande qu'est la télévision n'est pas exempt de reproches en
termes de délits linguistiques. Les journalistes comme les présentateurs
emploient régulièrement des pléonasmes et autres expressions redondantes, comme
par exemple "kilomètres par heure" en parlant de la vitesse du vent. Mais le plus
imbécile des mots est sans contexte "amuse-bouche" qui a
remplacé le populaire "amuse-gueule". Ainsi ceux qui utilisent ce néologisme
présomptueux, devraient en tout logique, remplacer dans leur conversation "avoir
la gueule de bois" par
"avoir la bouche de bois", ou encore "un coup de gueule" par
"un coup de bouche".
Cette illustration regroupe des expressions
courantes qui sont autant de pléonasmes (un pléonasme est une expression dont
les termes ont le même sens). Un objectif répond toujours à une ambition ; une
urgence est toujours absolue, sans quoi ce n'est pas une urgence ; ce qui est
gratuit l'est forcément dans sa totalité, sinon ce n'est pas gratuit ;
priorité est synonyme de première position, une deuxième priorité n'est donc
pas prioritaire ; être en sécurité ou être en toute sécurité ne fait aucune
différence, le terme "toute" est superflu ; quant à la retraite, même
pour le plus mauvais travailleur, elle est toujours "bien"
méritée.
Dédicace
Le français part en sucette
a été dédicacé de la main du plus fin lettré de l'Hexagone, de l'expert es
langue française, du spécialiste du verbe, Bernard Pivot.
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